CURATING
Chaque projet est unique, avec pour point commun la transfiguration d’un patrimoine et l’invention de nouveaux souvenirs.
L'éblouissement de la perte
"15 mars 2015. Les amandiers sont en fleurs. Tiens ce matin maman a vendu la maison."
Exposition "L’Éblouissement de la perte ". Douze artistes invités à travailler sur la disparition.
Paradis oublié
Œuvre musicale immersive.
Musique de Guillaume le Guen, texte Myriam Mechita et Stéphanie Surer, voix Caroline Villain et Stéphanie Surer.
Le coup du soir
Texte pour l'exposition et le catalogue sur Michel Lepareur à la galerie Prisme, Paris.
Michel Lepareur, Orages 06, fusain
" L’obscurité s’installe, une branche de saule carbonisée dessine une eau devenue noire, on devine à peine la mouche, soudain de ce geste arraché, précis, la lumière surgit d’un trait assuré. Maintenant il faut rentrer, paysages après paysages le temps s’étire, la lumière creuse le cœur. C’est le coup du soir.
Le coup du soir, c’est ça l’œuvre de Michel Lepareur. Le geste virtuose se superpose à la pression du fusain sur le papier, prédateur pour une fraction de lumière il nous emmène dans cet acte insensé; capturer; pour laisser aussitôt la place à une mélancolie, un désarroi de l’après.
Dans ce dessin je peux presque apercevoir l’ombre de Michel qui s’étire et longe le chemin aux cyprès, flanqué d’une canne à pêche.
Les dessins de Michel donnent à voir deux mondes entrelacés, face à face effaré de l’ombre et de la lumière.
La nuit est enivrée, la lumière fanfaronne.
Une lumière qui éblouit encore la rétine alors qu’on ouvre les yeux sur un paysage plongé dans la nuit et que l’histoire advient sous nos yeux encore aveuglés de cette lumière indéfectible.
La nuit se dresse, la lumière patiente, déchire les horizons dans une architecture cubiste, la mémoire est aux abois, la rigueur fébrile du trait fait place au frémissement, apocalypse de l’intime.
Les dessins sont sous tension, obéissant à une composition rigoureuse, parfois fractionnée, parcellaire; le temps de l’espace se découpe et se fragmente.
Deux mondes lucides s’observent en silence. Là sous nos yeux un paysage se décompose en quatre portraits tandis qu’une échelle tente un passage dans l’autre monde; d’un seul geste la matière s’efface, une forêt embuée surgit d’une plaine fantomatique, ici le trait précis d’une courbe fend le ciel avant de plonger dans des eaux obscures.
Le monde de Michel étire des territoires vagabonds, il nous offre des échappées, mémoire inconsciente d’un présent intime, derrière toute cette douceur il y a cette lutte, trophée d’un instant. "
Stéphanie Surer, 4 novembre 2017.